Pourquoi ce blog ?
Mon parcours psychiatrique a débuté à mes 17 ans mais on peut dater le début de mes symptômes anxio-dépressifs à mes 12 ans. Cinq ans entre les premiers symptômes et une consultation psychiatrique, trois ans de plus avant le diagnostic d'autisme et encore un an de plus avant celui de bipolarité, c'est dans la norme du retard de diagnostic en France. Ce retard a de multiples causes, institutionnelles, médicales mais aussi personnelles. Avec le recul, il me semble évident que si j'avais su plus tôt ce que pouvait être un trouble psy, loin des clichés qu'on peut s'en faire, j'aurais peut-être osé chercher de l'aide avant. C'est la première raison d'être de ce blog, donner des exemples concrets, personnels, de mes troubles au quotidien. Evidemment, les exemples personnels ne peuvent correspondre à tout le monde et par ailleurs se reconnaître dans un exemple d'un symptôme ne signifie pas avoir un trouble. Mais je veux croire que ce que je vis peut faire écho chez d'autres personnes, pour eux-mêmes, pour leurs proches.
Il s'agit aussi de rompre le sentiment de solitude que j'ai trop souvent ressenti à l'annonce d'un diagnostic, à l'apparition d'un nouveau symptôme. C'est une chose d'avoir un diagnostic, c'en est une autre de le comprendre, de s'y retrouver et d'envisager l'avenir. Pour moi, rencontrer d'autres personnes ayant un trouble psy a été un moyen de mieux accepter mon propre parcours et de mieux me comprendre. Je crois que c'est donc à mon tour de partager mon vécu.
J'ai rencontré des autistes, des bipolaires mais le cumul des deux m'a longtemps fait penser que j'étais nulle part, que j'étais dans trop de cases et donc dans aucune, que je n'étais au fond légitime à parler de rien. Avec des soignants qui ne considéraient souvent qu'un bout de mes troubles, face à des symptômes qui souvent s'auto-alimentent ou des injonctions contradictoires, le monde médical me semble parfois un peu démuni. Et moi aussi je suis parfois perplexe de voir les diagnostics s'empiler, de me demander qui est la cause de quoi et où moi-même j'en suis vis-à-vis de tout ça.
C'est ce questionnement surtout que j'ai eu l'impression de mener seule et maintenant que je sais que d'une manière ou d'une autre il en concerne forcément d'autres, je me dis qu'il est peut-être temps de contribuer à combler un peu ce vide. Espérons que mon témoignage y aide