Santé mentale ou psychiatrie ?
- moi
- 13 mars
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Dernière mise à jour : 11 avr.
Aujourd'hui, je peux parler de troubles psy ou de santé mentale sans qu'on pense immédiatement aux électrochocs ou aux camisoles, physiques ou chimiques. Aller voir un psy est moins tabou, que ce soit pour un burn-out, de l'anxiété ou un divorce compliqué à vivre. C'est une bonne chose à plus d'un titre.
Consulter quand cela commence à aller mal, c'est le meilleur moyen de se soigner avant que cela ne dégénère. Peut-être que s'il avait été banal d'aller chez le psychiatre, je n'aurais pas attendu de tenter de me suicider. Je ne me serais peut-être pas dit que mon mal-être n'était pas assez grave pour consulter. Je n'aurais pas eu en tête que cela valait le coup de demander de l'aide uniquement si on se faisait du mal.
La déstigmatisation des troubles psy est aussi facilitée par le fait que plus de gens se sentent concernés. Si tout le monde se préoccupe de santé mentale, le fait que j'aille voir un psy devient assez banal. Entre mon ancienne collègue dépressive et ma pote anxieuse, ma bipolarité ou mon autisme se fondent assez bien dans la masse. Et on peut espérer un jour parler de son arrêt de travail pour dépression comme on parle de son lumbago.
Mais si le fait que tout le monde puisse se dire que la santé mentale le concerne est un outil de déstigmatisation, c'est aussi un risque d'invisibilisation des troubles psy. C'est très bien qu'on ne me prenne pas pour une potentielle tueuse en série si j'évoque ma bipolarité. J'apprécie aussi sans problème qu'on me considère apte à vivre et à travailler malgré mon autisme. Le problème vient plutôt de toutes ces remarques qui minimisent volontairement ou non mes troubles.
"Tu sais, on est tous un peu autiste", "moi aussi, ça m'arrive souvent d'être stressée"... bien souvent, mon interlocuteur cherche à me montrer qu'il comprend. Après tout, lui aussi se sent sans doute sincèrement concernés par des problématiques de santé mentale. Mais précisément, on ne parle pas de la même chose. Les troubles psychiatriques sont des troubles à part entière qu'il faut certes déstigmatiser mais pas banaliser. Je ne suis pas anxieuse ou déprimé, je n'ai pas des hauts et des bas, ou des difficultés de communication, j'ai des troubles établis. Cela a de nombreuses implications sur mon quotidien, en terme de traitements ou d'adaptation. Je peux vivre ma vie comme je l'entends mais précisément parce que je connais mes troubles et leurs implications.
Il ne s'agit pas de nier la souffrance psychique que peuvent traverser plein de gens, il s'agit simplement de dire que ce n'est pas la même chose. De la même manière, ça ne me vient pas à l'idée si je me casse une jambe d'aller trouver un paraplégique pour lui dire qu'on a le même problème. Et pourtant, c'est douloureux et handicapant de se casser une jambe. Alors ce terme fourre-tout de "santé mentale" peut embrouiller plus qu'autre chose.
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