Pourquoi est-ce compliqué de cumuler autisme et bipolarité ?
- moi
- 25 févr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 avr.
La question peut paraître bête, on se doute bien qu'avoir un trouble psy n'est pas simple, alors deux ou trois, c'est forcément pire. Mais la difficulté n'est pas la simple addition des troubles, c'est aussi le fait même de cumuler qui rend les choses complexes.
Deux troubles rarement associés
C'est peut-être la première difficulté du combo autisme-bipolarité : ce n'est pas une association habituelle d'un point de vue psychiatrique. En médecine on a ce qu’on appelle les comorbidités, c’est à dire les troubles qui sont couramment associés. Pour résumer, on dit que deux troubles sont comorbides quand le fait d'en avoir un entraîne un risque plus grand d'avoir le deuxième. Par exemple, on sait qu'avoir un trouble du spectre de l'autisme et très souvent associé à un TDAH, ce sont des comorbidités.
En ce qui concerne l'autisme et le trouble bipolaire, il n'y a aucun consensus sur les liens entre les deux troubles. Ce sont deux troubles de nature différente puisque l'autisme est un trouble neurodéveloppemental tandis que la bipolarité est un trouble de l'humeur. Ils n'apparaissent pas au même moment, l'autisme se développe dans la petite enfance alors que le trouble bipolaire se manifeste plutôt à l'adolescence. Mais d'un autre côté, certaines études suggèrent qu'il y aurait des gènes impliqués dans les deux troubles, ainsi que des facteurs environnementaux communs.
Les diagnostics sans fin
J’avais été soulagé par mon premier diagnostic. Enfin j’avais une explication à mon mal être et une solution pour aller mieux. Et enfin un professionnel reconnaissait que j’avais un trouble et posait un nom. C'était la fin de cette période d'errance médicale et la certitude que mes difficultés allaient pouvoir être prise au sérieux.
L'arrivée d'un deuxième diagnostic remettait en cause cette réponse et créait plus de questions qu'autre chose. Personne ne me disait clairement si mon premier diagnostic d'autisme était faux ou si je cumulais autisme et bipolarité. Et dans les deux cas, cela remettait en cause un certain nombre d'aspects qui m'avait permis de me rétablir la première fois.
Si D'autant plus qu'apprendre que je cumulais les deux troubles posait un autre problème : au bout de combien cela allait s'arrêter ? Parce que pour moi, en psychiatrie, on cherchait une réponse, un trouble et on travaillait dessus. Avoir deux troubles, surtout aussi différent, cela voulait dire qu'un autre médecin pouvait très bien en découvrir d'autres par la suite.
Trop autiste pour les bipolaire, trop bipolaire pour les autistes
Un diagnostic, c'est une étiquette, qui permet de se reconnaître dans des symptômes et dans une communauté. Quand quelqu'un me dit être autiste, je peux en déduire une partie de ce qu'il vit, idem s'il me dit être bipolaire. Bien sûr il y a toujours des différences mais on a au moins un socle commun concernant notre trouble. Mais avec mes deux troubles, je ne me sentais légitime nulle part, déjà parce que mes symptômes s'entremêlaient souvent.
J'étais bien incapable de dire si mes troubles du sommeil était lié à l'autisme ou à la bipolarité par exemple. Mes difficultés sociales liées à l'autisme sont clairement aggravées par mes phases dépressives qui font partie de mon trouble bipolaire. Ainsi, j'avais l'impression que mon trouble n'était pas "chimiquement pur" et donc que témoigner de mon expérience pouvait induire en erreur. J'ai mis beaucoup de temps à me rendre compte qu'un trouble "chimiquement pur" n'existe pas et que tous les témoignages ont leur intérêt.
J'ai eu le cas de ceux qui ne se préoccupe pas d'un de mes deux troubles. Par exemple, des autistes incapables de tenir compte du fait que je suis en pleine phase dépressive et qui me reprochent d'aller mal. Au début, je leur cherchais beaucoup trop d'excuses mais aujourd'hui j'ai plutôt envie de fonctionner comme avec n'importe qui. Je n'ai pas à m'excuser de mes troubles, cumul ou pas.
La difficulté d'une prise en charge adaptée
Chaque trouble psychique présente sa propre prise en charge, que ce soit en terme de médicaments ou de psychothérapie. Et parfois seul un professionnel spécialisé dans un trouble ou une approche thérapeutique particulière est réellement à même d'être un appui. Cumuler ces deux troubles a signifié voir deux psys différents. L'idée étant que le psychiatre s'occupe du traitement médicamenteux de la bipolarité tandis que le psychologue m'aide pour les difficultés liées à l'autisme.
La séparation pourrait être claire si seulement il n'y avait pas continuellement des symptômes communs ou au moins liés. Il est donc déjà arrivé que les deux psys aient un avis légèrement contradictoire. Le psychologue préconisait de se reposer au maximum et le psychiatre de ne surtout pas rester sans rien faire. Cela a aussi conduit à un retard dans le diagnostic de mon TDAH.
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