Se comprendre : nécessaire avec la bipolarité, compliqué avec l'autisme
- moi
- 3 mars
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Dernière mise à jour : 11 avr.
Récemment, j'ai essayé d'expliquer dans un post ce qui rendait difficile le cumul entre trouble bipolaire et autisme. Dans ce post, je voudrais donner un petit exemple, sans doute pas le pire mais que je trouve révélateur.
Avec mon diagnostic de bipolarité, on m'a très vite appris qu'il fallait que je repère les signes avant-coureurs, les premiers signes au moment du déclenchement d'une phase. Il est plus simple de traiter une phase dépressive au stade "j'ai moins d'énergie, je dors beaucoup" qu'au moment d'une crise suicidaire, cela semble évident. Donc aux yeux des psychiatres, il y a un véritable enjeu à ce que leurs patients puissent détecter au plus vite les débuts de phase.
Cela est loin d'être simple, y compris pour ceux qui ne sont "que" bipolaires. Les changements peuvent être insidieux ou alors on a toujours la possibilité d'y voir une bonne raison. On pense être fatiguée par un début de rhume, ou par les changements de températures. Ou à l'inverse, le manque de sommeil s'explique par l'adrénaline d'un projet à rendre.
Mais ce qui est compliqué quand on est bipolaire l'est encore plus quand on y ajoute l'autisme. Pour reprendre l'exemple d'un début d'hypomanie et du signe avant-coureur classique d'une réduction du temps de sommeil sans fatigue. C'est peut-être le cas le plus courant et c'est un symptôme qui me concerne. Pour le nombre d'heures de sommeil, je n'ai pas plus de difficultés que les autres à les noter et donc à visualiser un changement.
Pour la sensation de fatigue, j'avais fini par comprendre que je ne la ressentais précisément pas de manière adaptée. Ou plutôt je ne ressentais la fatigue que si j'étais complétement épuisée. Dans les autres cas, je la déduisais en fonction de mes efforts de la journée et de mon temps de sommeil. Autant dire que le serpent se mordait vite la queue.
J'ai donc dû comprendre et faire comprendre à ma psychiatre que je n'arriverai pas à différencier une diminution du besoin de sommeil d'une simple insomnie en cherchant à savoir si j'étais fatiguée. Il me fallait des signes objectifs, explicites, de changement. Par exemple, je me suis rendue compte qu'à chaque déclenchement de phases hypomaniaques je commençais à me dire que dormir était une perte de temps. Et contrairement aux sentiments ou aux sensations, les comportements et les pensées sont des signes que je peux reconnaître et mémoriser puisque je n'ai pas à les ressentir.
Ainsi, je limite l'impact de mon autisme sur la reconnaissance de mes phases.
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