Emoods : mon appli de suivi de l'humeur
- moi
- 28 mars
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 avr.
"Ce serait bien de remplir à nouveau Emoods". A chaque fois que ma psy m'a dit cela, c'était pour signifier la même chose : elle sentait que mon humeur se déstabilisait. Je venais de lui annoncer joyeusement que je n'avais pas dormi de la nuit et elle aurait bien aimé savoir depuis quand. Ou au contraire, dans le flou de mes idées noires, j'étais bien incapable de me rendre compte de ce qui se passait. Suivre mon humeur sur Emoods lui donnait un aperçu plus précis et me poussait aussi à m'interroger moi-même.
Emoods est une appli à première vue banale. Il s'agit simplement de noter jour après jour différents paramètres en fonction de son humeur et son temps de sommeil. Rien de révolutionnaire, clairement. Ca ne fait pas de miracle mais de toute façon, les remèdes miracles n'existent pas en bipolarité. Par contre suivre mon humeur m'a déjà permis de m'inquiéter assez tôt pour gérer correctement un début de phase. Et parmi les outils que j'ai testé, Emoods présente plusieurs avantages.
Comment ça marche ?

Emoods se présente comme un journal à remplir quotidiennement. Il s'agit chaque jour d'indiquer la présence et l'intensité de symptômes dépressifs, maniaques, d'irritabilité ou d'anxiété. Il faut aussi indiquer le nombre d'heure de sommeil et la présence de symptômes psychotiques. L'appli ressemble donc sur certains aspects à n'importe quelle appli de suivi de l'humeur mais elle est spécialement indiquée pour les bipolaires.
En effet, sur une appli plus généraliste, comme celle intégrée à mon téléphone, je ne peux pas distinguer une humeur positive d'une humeur qui signifie le début d'une hypomanie. Et avoir la possibilité de noter les traitements pris permet aussi de différencier l'anxiété passagère de celle qui perdure malgré trois anxiolytiques.
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En quoi ça m'aide concrètement ?
En fait, ce n'est pas quand je remplis mes petites cases que Emoods est utile. Globalement je sais ce que je ressens et au mieux l'appli me sert à m'en rappeler. Par contre, tout se joue dans la possibilité de prendre du recul sur quelques jours. Et c'est à cela que sert l'onglet "Graphe".
En fait, avoir des symptômes dépressifs un jour, ce n'est pas forcément inquiétant (sauf s'ils sont très intense). La bipolarité fonctionnant par phase, il faut regarder l'humeur sur quelques jours pour savoir ce qu'il en est. Mais moi, en quelques jours, j'ai largement le temps d'oublier comment je me sentais les jours précédents. J'ai aussi globalement du mal à faire le lien entre mon humeur et mon temps de sommeil. Avoir un moyen de récapituler l'ensemble me permet donc de mieux savoir où j'en suis et de m'en préoccuper au bon moment.

Voilà ce que cela donne concrètement sur un mois. C'est peut-être ma passion des graphiques qui parle, mais je trouve qu'on distingue clairement des points de vigilance liées à mes phases. Ils sont sans doute en grande partie personnel mais c'est précisément ce suivi qui m'a permis de prendre conscience de certaines récurrences.
Un grand classique : le lien entre sommeil et humeur. On le sait, un des premier signes d'alerte d'hypomanie c'est la réduction du temps de sommeil sans fatigue. Ici, c'est assez net. Et à l'inverse, les symptômes dépressifs sont souvent liés à des troubles du sommeil (même si ça peut être de l'insomnie ou de l'hypersomnie). Mais de manière plus fine, je me suis aussi rendu compte que j'étais souvent irritable dans les jours précédant mes hypomanies. Ou encore que j'étais anxieuse sans raison avant mes dépressions.
Ce sont des exemples personnels et je sais bien qu'ils ne correspondent pas à tous les bipolaires. Mais l'idée ici et de montrer comment un simple suivi comme celui-là m'a fait prendre conscience de certains signes précurseurs et d'espérer que cela vous aide.
Les limites d'une application
J'ai beau dire que je trouve cette appli très pratique, je suis bien obligée d'admettre que je suis loin de la remplir systématiquement. C'est toujours un peu contraignant, même si beaucoup moins que les graphes de l'humeur format papier que j'ai essayé. Et ce n'est pas forcément agréable de se poser tous les soirs pour se demander si l'on est légèrement ou moyennement déprimé aujourd'hui.
Mais la principale limite réside justement dans le fait de définir les niveaux d'humeur. Il a fallu un certain temps à ma psychiatre pour comprendre que je pouvais coter "légers" mes symptômes dépressifs alors que j'avais des idées suicidaires. Il m'a donc fallu faire en plus tout un travail d'évaluation de l'intensité de mes symptômes (et je n'ai pas fini) et pour cela, Emoods ne propose pas de solutions.
Comme je le disais au début, il n'y a pas de remèdes miracles...
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