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Bipolarité : concrètement, qu'est-ce que cela signifie ?

  • moi
  • 31 mars
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 avr.

J'ai déjà évoqué des symptômes en lien avec mes phases mais, de la même manière que mon post sur l'autisme, je voulais revenir sur ce qui fait que je suis bipolaire. L'idée est donc de présenter en général les différentes phases, de donner des exemples de symptômes. Même s'il y a des caractéristiques communes, deux bipolaires peuvent avoir des vécus très différents. Je veux donc montrer dans ce post ce que peut vouloir dire avoir un trouble bipolaire derrière les grandes définitions.

Mon trouble bipolaire s'est déclenché à l'adolescence, comme dans la plupart des cas (l'âge de début est généralement entre 15 et 25 ans). Je ne saurais pas dire quand précisément puisqu'au départ les médecins ont estimé qu'il s'agissait de dépressions. La bipolarité se caractérise par l'alternance de phases hautes et de phases dépressives mais dans mon cas les phases hautes sont pendant un temps passées inaperçues.


Les différentes phases


Un graphe de l'humeur qui montre des variations normales, que chacun peut ressentir (entre -1 et 1) puis une hypomanie et un début de rechute dépressive
Un graphe de l'humeur qui montre des variations normales, que chacun peut ressentir (entre -1 et 1) puis une hypomanie et un début de rechute dépressive

Les phases dépressives

Ce sont celles qu'on imagine le mieux souvent puisque c'est assez semblable à une dépression classique. Dans le cas d'un trouble bipolaire, une phase dure au minimum 15 jours. Dans mon cas, on est plutôt sur des phases qui dure entre un et six mois. Mes symptômes sont assez classiques : perte d'énergie, retrait dans les activités, absence de plaisir, tristesse.

Par contre je sais que c'est moins courant, y compris chez les bipolaires, mais j'ai très vite des idées noires et suicidaires, y compris à un stade où personne n'estime que mon épisode dépressif est sévère. Ces idées noires peuvent devenir délirantes (là c'est sévère). J'ai ainsi été convaincue une fois que tout mon entourage allait mourir d'un cancer. L'autre complication dans mon cas c'est les tentatives de suicide.

Certains symptômes se retrouve surtout chez les bipolaires plutôt que dans les dépressions classiques : l'hypersomnie et l'hyporexie (le fait de beaucoup moins manger). La présence d'idées anxieuse est aussi très marquée. Je peux ainsi faire des crises de panique dans la rue sans raison car j'ai l'impression de perdre le contrôle de mon corps.


Les phases hypomaniaques (phase haute)

Je suis bipolaire de type 2 donc je ne fais pas d'épisodes maniaques mais hypomaniaques. C'est-à-dire que mes phases hautes sont moins prononcées que chez un bipolaire de type 1. Par exemple je n'ai pas d'idées délirantes ou d'hallucinations et je n'ai pas besoin d'une hospitalisation durant mes hypomanies.

Je fais des hypomanies très courtes de l'ordre d'une semaine ou un peu moins (sachant que dans la définition c'est quatre jours minimum). Le premier signe, très classique c'est la réduction du temps de sommeil sans fatigue. Généralement ça se combine très vite avec l'envie de faire plein de projets en même temps. Je commence cinq livres en même temps, je m'inscris à un MOOC de vaccinologie et j'apprends la programmation informatique dans la même nuit. Parfois j'ai beaucoup d'énergie mais je suis incapable d'en faire quoi que ce soit donc je passe juste la nuit à faire les cent pas.

L'autre signe c'est que je parle vite, beaucoup, parfois en passant du coq à l'âne, comme s'il était fondamentale de remplir les blancs d'une conversation. Cela va avec l'accélération de la pensée. C'est ce que les psychiatres appellent logorrhée et tachypsychie, j'aime bien les termes. Je suis aussi beaucoup plus en recherche de contacts sociaux. Je peux vouloir appeler des amis au milieu de la nuit sans raison. Ou encore j'avais pris tous les numéros des collègues de mon équipe une fois.

Et évidemment niveau humeur je suis la plupart du temps trop joyeuse mais ce n'est pas systématique. Parfois je suis clairement euphorique parfois c'est simplement l'impression d'être dans un jeu permanent, de ne rien prendre tout à fait au sérieux. Mais c'est tout à fait possible d'être irritable plutôt qu'euphorique, chez moi c'est le cas au début surtout et quand je trouve que tout le monde est très lent.

La question qui se pose souvent est celle des comportements à risque, parce que c'est la face sombre de l'hypomanie quand même. J'ai la chance d'en avoir assez peu, si ce n'est une certaine impulsivité au niveau des dépenses. Généralement, puisque je suis convaincue qu'il faut absolument que je devine incollable sur un sujet, j'achète tous les livres que je trouve dessus.


L'euthymie

C'est un terme qu'on connait moins mais qui correspond simplement à l'état entre deux phases, quand ça va bien. Je voulais quand même en dire deux mots parce que ce n'est pas tout à fait un retour à la normale malheureusement. Chaque phase a tendance à affecter mes capacités cognitives, notamment la concentration (et ce n'est pas lié au TDAH). Je trouve cela assez mystérieux encore, ma concentration a toujours eu tendance à revenir d'un coup quand je ne m'y attends pas. Mais cela a beaucoup joué à certains moment sur ma capacité à lire.


Les autres caractéristiques de ma bipolarité


Les caractéristiques mixtes

A l'heure actuelle, on ne parle plus de phases mixtes mais de caractéristiques mixtes au sein d'une phase dépressive ou (hypo)maniaque. Ca n'arrive pas à tous les bipolaires mais dans mon cas, cela signifie que j'ai eu plusieurs fois des symptômes d'hypomanie en pleine dépression. Généralement, cela ne veut pas dire que j'alterne entre les deux, c'est plutôt que les deux types de symptômes coexistent. Par exemple, je vais avoir des idées noires qui s'enchaînent très rapidement ou je vais avoir beaucoup d'énergie et ne pas tenir en place tout en étant déprimée. J'essaie toujours d'informer mes proches à ce sujet, parce que ça n'a rien à voir avec le fait d'aller mieux. Au contraire, c'est des phases plutôt risquées, il suffit d'imaginer avoir des idées suicidaires et plein d'énergie pour visualiser le problème. Pour le coup, dans mon cas ça a déjà été un motif d'hospitalisation (ou en tout cas cela l'a renforcé).


La résistance aux traitements

Avoir une bipolarité résistante aux traitements, c'est un peu avoir l'impression de s'être constitué une armoire à pharmacie psychiatrique à force d'essayer tous les médicaments possibles ou presque. Parfois j'envie les bipolaires qui sont stabilisés avec un ou deux médicaments alors que je jongle avec un pilulier plus fourni que celui de ma grand-mère. D'un autre côté, à force d'en essayer, je finis par avoir une certaine expertise dans le domaine, suffisamment pour qu'on me demande si j'étais en médecine. Je ne sais pas si ça doit me consoler.

Concrètement, après avoir tenté les médicaments les plus conventionnels, je me retrouve avec deux thymorégulateurs (dont un que je ne peux prendre que sur dérogation) et un anti parkinsonien qui fait office d'anti dépresseurs. Ce à quoi il faut ajouter un antipsychotique dans les périodes où je sens un risque d'hypomanie. Et un médicaments pas du tout psychiatrique mais qui gère les effets secondaires d'un autre.

Les cycles rapides

Conséquence de cette résistance, ma bipolarité n'est objectivement pas très stable. J'ai découvert récemment qu'il y avait un principe selon lequel enchaîner les phases conduisaient à risquer d'en faire à nouveau. Et puisque les médicaments ont mis un bon moment à être efficace, j'ai enchaîné les phases. Quand on parle de cycle rapide, on parle de faire quatre phases sur une période d'un an. Et donc même quand je dis que je suis stable, je sais que ce n'est pas tout à fait vrai. Je suis stable dans le sens où je n'ai pas fait de vrais phases très invalidantes ou nécessitant une hospitalisation. Mais je fais encore des débuts de phases tous les quatre matins, qui restent gérables en ajustant mon traitement. C'est franchement mieux qu'avant même si ce n'est peut-être pas vraiment l'image qu'on se fait d'un rétablissement


Mon quotidien est donc le même que tout le monde aujourd'hui, un pilulier conséquent et le stress d'une rechute en plus. Connaître et faire connaître la bipolarité à travers mon trouble et ses symptômes en particulier, c'est aussi une manière d'anticiper les éventuelles phases. J'ai déjà parlé d'Emoods pour suivre mon humeur, c'est le genre d'outils, parmi d'autres, qui me permette de gérer mon trouble au quotidien. Simplement pour dire que je ne suis pas condamnée à attendre la prochaine phase.



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